MADAME BOVARY

Sur scène, quatre chaises. Des instruments de musique. Ce pourrait être la place d’un village, un coin de campagne, ou la dernière table d’un banquet de noces au fond du verger. Une comédienne – Sandrine Molaro, nommée aux Molières – et trois comédiens, tour à tour personnages ou narrateurs, content, chantent, jouent, mettent en musique la grande épopée d’Emma Bovary. Ils s’emparent de ce récit inexorable comme une tragédie, flamboyant comme un drame, mordant comme une comédie.

La dynamique théâtrale, arrimée à l’incomparable écriture flaubertienne, porte à la scène un spectacle contemporain aux accents de road movie des grands espaces, faisant écho au besoin d’évasion de l’héroïne. La rage de vivre d’Emma Bovary est celle de tant d’humains. C’est une révolte contre l’ordre établi. Le combat instinctif, isolé, tragique, d’une femme qui refuse de se résigner à sa condition et cherche, quel qu’en soit le prix, à faire l’expérience sensuelle et exaltante d’une vie d’aventures, de plaisirs, de risques, de passions, de gestes théâtraux.

Cette œuvre offensive, corrosive, questionne notre propre capacité à l’audace, à l’intégrité, dans une société qui juge, qui isole, qui emprisonne. La scène devient un lieu de résistance et de libertés, aussi bien pour Madame Bovary que pour nous, spectateurs.