LA LÉGENDE D’UNE VIE

Vienne, 1919. Un jeune auteur cherche à s’extirper du souvenir de son père, poète devenu icône nationale. Le jeune homme étouffe dans la maison familiale où tout est organisé par sa mère autour du culte de ce grand homme. C’est alors que revient au sérail une femme dont le secret pourrait libérer le jeune homme de son carcan.

Le théâtre de Stefan Zweig constitue une partie importante et souvent ignorée de son œuvre. La Légende d’une vie, créée en janvier 1919, en est un élément essentiel, que Zweig définit comme un « drame moral et contemporain ». C’est le combat du fils contre la figure légendaire du père défunt qui l’opprime moralement. Ce bijou de psychologie nous amène au cœur de l’affrontement entre deux femmes qui ont partagé la vie du poète Karl Amadeus Franck : sa veuve, Leonore, autoritaire et intransigeante gardienne de l’œuvre poétique de son époux ; et son premier amour, Maria, l’étrangère, dont le retour inopiné vient brouiller l’image idéalisée du Maître. Cette pièce, écho fidèle de son époque, est toujours d’actualité, avec ses clivages sociaux et le culte du secret, genèse des drames familiaux. Une matière théâtrale dense interprétée par des acteurs profonds, dans le décor d’un palais de glace, qui doit laisser apparaître la Vérité. Comment se construire une identité avec un si lourd héritage ? Peut-on modeler l’histoire au point de créer une légende ?